lundi 26 novembre 2012

Hydrologie glaciaire, balade seul en vélo et sécurité...



Salut à tous,

        Cette semaine, comme promis, je vous explique le but de ma nouvelle mission d'étude hydrologique pour ceux que ca intéresse, et sinon je vous raconte ma première sortie seul en vélo de ce weekend ! 

Hydrologie glaciaire à l’Antisana
        Ce Jeudi nous sommes repartis sur l’Antisana, avec Juan et Veronica (une thésarde de l’Escuela Politécnica Nacional), et cette fois-ci, c’est moi qui organisait la sortie !
        Voici donc l’occasion de vous présenter ma nouvelle mission pour aider Luis dans sa thèse : je dois tenter de comprendre les écoulements issus de la fonte des glaciers, c’est-à-dire quels sont les chemins pris par l’eau à la sortie du glacier.
Le bassin étudié vu depuis le glacier ! Il est limité sur les côtés par la moraine, déposée par le mouvement du glacier il y a à peine plus de 50 ans. Ainsi, en 1950, le glacier s'étendait jusqu'au lac au fond !

Le bassin vu de l'autre côté. La barre marron foncé au milieu correspond à une zone de résurgence sous laquelle ressort l'eau, qui s'est infiltrée un peu plus haut dans la moraine...

          Le plus important est de déterminer quels est la part des écoulements qui est superficielle, et quelle part est souterraine. Dans le second cas, c’est assez difficile à déterminer, car l’eau peut s’infiltrer sous le glacier, dans ces cas-là on ne peut pas la voir, ou parfois l’infiltration peut se faire en aval du glacier, dans la moraine (le matériel déposé en aval par le glacier lorsqu’il était plus bas). Et quand ces infiltrations sont assez claires, il est possible de les localiser, et parfois observer quelques mètres plus bas sa résurgence, qui correspond à la source d’eau où ressort l’eau infiltrée un peu plus haut.
Une résurgence, où l'eau ressort de la roche, qui est même un mélange de glace et de roche ici, à plus de 100m du glacier !!! La glace est protégée du soleil et de la fusion par une couche de débris au dessus.

         L’objectif de la journée de Jeudi était donc de cartographier (reporter sur une carte) toutes les infiltrations et résurgences, et ainsi tenter de supposer si possible le trajet de tous les écoulements issus du glacier.
         Cela dans le but notamment de savoir si une part de l’eau circule en souterrain, ce qui est très important, car c’est ce qui a été supposé par diverses études antérieures. Ces études ont observé que le débit à la station hydrologique sous le glacier était plus faible que le débit issu de la fusion du glacier, suggérant des pertes d’eau entre le glacier et la station. Ces pertes d’eau pourraient en fait tout simplement circuler en souterrain, et passer ainsi sous la station hydrologique. Reste à le vérifier et à le quantifier si possible !

Et alors, l’intérêt de tout ça ?
        Comprendre quelle est la part des eaux souterraines et leur circulation est primordial pour la gestion de la ressource en eau. Surtout dans le contexte du recul des glaciers, il est important de savoir notamment quelle est la part de l’eau de fonte (l’autre part provenant directement des précipitations autour des glaciers) dans les écoulements provenant de l’Antisana, quelle part de l’eau circule en profondeur… Cela pour évaluer la ressource en eau disponible dans le futur, dans le contexte de réchauffement climatique.
         En effet, la ressource diminuant, et cela couplé à une augmentation de la demande, l’entreprise d’eau potable de Quito travaille sur un énorme projet de captage et transport de l’eau qui permettra de répondre  aux besoins de la ville et de ses alentours dans les années à venir ! Dans ce contexte, l’évaluation scientifique est une base indispensable à tout projet ou aménagement dans ce domaine, sans quoi les actions ne seraient pas adaptées ou pas optimisées.
         En tous cas ce travail me passionne, car il touche d’une manière certes indirecte, à l’évolution de la ressource en eau dans le contexte de réchauffement climatique. De petites études à cette échelle sont nécessaires pour ensuite faire des extrapolations les plus justes possibles à plus grande échelle.
         Et ce qui n’est pas pour me déranger, c’est que ce travail nécessitera d’aller encore souvent sur le terrain, que ce soit pour de l’observation (comme jeudi dernier) ou des mesures de terrain, à commencer par cette fin de semaine où nous allons faire des mesures du débit du cours d’eau.


Première balade seul en vélo
         Je réfléchissais déjà depuis un moment à faire une balade seul, pour faire un premier test seul en vélo, me débrouiller pour le logement, prendre le bus… Mais jusqu’ici j’avais à chaque fois de belles perspectives de balades le weekend qui m’ont chaque fois fait repousser la date. La décision a finalement été très rapide, en apprenant vendredi soir par Juan qu’il devait travailler tout le weekend, et que notre balade prévue le dimanche était donc annulée. Du coup, l’occasion était parfaite, et j’ai planifié mon parcours et préparé mes affaires au plus vite pour partir dès le samedi matin.

En sortant de Quito : on peut voir la bande verte plutôt au fond sur la gauche, c'est l'aéroport, au "milieu" de la ville !

         J’ai finalement sagement revu mon programme à la baisse dans l’après-midi du samedi, suite surtout au temps pluvieux que j’ai eu, et au fait que les routes étaient des pistes sur une bonne partie, ce qui ralentit pas mal le rythme de croisière. Du coup, le samedi j’ai fait entre 50 et 60 kms, dont une bonne partie sur une piste très tranquille et très agréable jusqu’à ce qu’il pleuve. Et le dimanche, après une nuit dans une auberge pas chère (6$ la nuit), j’ai fait un peu plus de 30 kms jusqu’à la ville de San Miguel, dont une bonne partie était en descente, car je suis descendu vers l’ouest des Andes, jusqu’à 1000m d’altitude (Quito étant à 2800m).
La piste que j'ai emprunté le samedi
Depuis la route le dimanche, les paysages de forêts denses


         Et ce deuxième jour, pendant un long moment avec un autre cycliste on se doublait à chaque fois qu’une des deux personnes faisait une pause, jusqu’à ce qu’il roule dans ma roue… Et j’ai eu de la chance, car il rentrait lui aussi avec le bus vers Quito, ce qui m’a facilité les choses ! Après 2h30 de bus et quelques kms à vélo jusqu’à chez moi, je suis donc rentré en début d’après-midi, pour récupérer un peu de la fin de semaine !


Et alors, la sécurité en Equateur ?
         Sachant que certains s’inquiètent déjà je pense de me voir m’aventurer seul dans le pays, je vais tenter de vous livrer mes premières impressions mais surtout témoignages sur les conditions de sécurité ici…
  • De mes observations, je n’ai depuis mon arrivée ni été confronté à un quelconque problème, ni vu ni entendu de problème dans mon entourage. C’est déjà ça !
  • Mais quand je suis allé à l’ambassade de France, ils ont reçu le matin un coup de téléphone d’une jeune française qui s’était fait agressée dans le taxi, ce qui est assez courant semblerait-il. Mais ce qui était moins courant c’est que cette fois-ci l’agression avait été violente, alors que d’habitude ils se contentent seulement de voler l’argent et éventuellement les affaires des personnes… Les taxis et dans une moindre mesure les bus semblent ainsi à éviter la nuit, et paradoxalement le vélo semblerait plus sûr que le taxi !
  • Ce qui est le plus dangereux concerne le vol. Et les équatoriens sont très prudents voir même paranos par rapport à ça. Par exemple,  la nuit dans mon logement, il y a une grille totalement fermée avec des pics par-dessus au cas où un voleur voudrait passer au-dessus, puis ensuite la porte d’entrée est fermée par 4 verrous (dont un avec une alarme si la porte s’ouvre), puis Fanny place un gros fauteuil en plus devant la porte… Au cas où ! De même les grilles devant les portes des bureaux, maisons et autres, sont très courantes.
  • Ensuite, de ce qu’on me conseille, il faut éviter de se promener seul la nuit dans les parcs, qui sont dangereux, même si il n’y a aucun problème la journée.
  • Quand je parle de mes projets de partir seul en vélo, les gens ne sont pas affolés, mais me mettent parfois en garde sur la nécessité de faire attention au niveau de la sécurité routière. Malgré cela, je ne trouve pas les gens trop dangereux à part qu’ils ont une vision assez différente de la nôtre sur la distance de visibilité nécessaire pour doubler une voiture ou un camion ! Mais je dirais qu’ils sont quand même moins dangereux que de nombreux corses !!!
  • Pour avoir un avis plus global des derniers faits divers du pays, j’ai déjà pu regarder sur les actualités « Seguridad » d’un site équatorien, bien que forcément les actualités n’y soient pas des plus réjouissantes, il ne semblerait pas que les cas d’agressions ou meurtres soient courants. Les quelques cas traités remontent à plusieurs années, et sinon ils semblent plutôt concerner des règlements de compte, comme on en a aussi malheureusement en France. Et ensuite, certains lieux sont plus dangereux que d’autres, la ville de Guayaquil étant par exemple réputée dangereuse, et certains quartiers de Quito aussi étant à éviter.
  • Mais les touristes seront plutôt touchés par le vol. Pour ma part, j’ai malgré tout la chance déjà d’être un garçon, mais aussi de mesurer une tête de plus que tout le monde, ce qui m’avantage certainement un peu ! Et je m’arrange toujours pour n’avoir aucun papier important sur moi, pour limiter les pertes au cas où il m’arrivait quelque chose.
  • Et pour en revenir à l’ambassade, j’en avais profité pour demander au français de l’ambassade qui vivait en Equateur depuis quelques années, ce qu’il pensait de la sécurité dans le pays. Les ambassades étant réputées pour leurs conseils alarmistes (une manière pour eux de se décharger des responsabilités envers les voyageurs en cas de problème), je m’attendais à un discours bien moins rassurant que ce que j’ai eu, le mec expliquant qu’effectivement il fallait être attentif au vol, mais que l’Equateur était un pays sûr selon lui. Avant de conclure qu’il y a bien sûr des risques, qu’il faut faire attention, mais comme partout, y compris en France…


Et encore un petit article…
        Voilà une devise bien intéressante pour réduire ses déchets et son empreinte écologique, issue d'une expérence d’une famille ayant deux enfants des Etats-Unis (la mère est française) qui vit depuis trois ans (quasi) sans générer de déchets :
« Refuse, Reduce, Reuse, Recycle, Rot », et seulement dans cet ordre ! (Traduction : Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Composter)
Si vous voulez en savoir plus sur comment faire pour sortir un peu de notre société de consommation, voilà l’article !


La photo Usain Bolt
         Cette semaine, je n’ai pas pris de photo Usain Bolt, alors j’en ressors une d’il y a 3 semaines inutilisée… Dans une grotte /carrière lors d’une balade à vélo avec Juan !

lundi 19 novembre 2012

Anniversaire, Antisana, et pélerinage !!!

Salut à tous !

        A nouveau une semaine bien chargée ici, semaine où j’ai notamment pu fêter mon anniversaire, aller à l’Antisana, et faire un pèlerinage !!!

Mon anniversaire en Equateur
         J’ai pu fêter mes 21 ans en Equateur ce Jeudi, avec surtout une soirée bien sympa ! J’ai d’abord eu la chance d’être spécialement invité pour mon anniversaire à manger une pizza avec notamment Juan et Perro, c’était bien sympa !
         Et en rentrant, je ne m’y attendais pas mais Fanny avait acheté un gâteau que l’on a partagé tous ensemble ! Ensuite, notamment Fanny et Patty qui étaient bien en forme ont dansé, c’était bien rigolo à voir !!!
 
Voilà donc l’occasion de vous présenter les personnes de mon logement (de gauche à droite):
ü  Patty, une sœur de Fanny, qui vit en Suisse et qui n’était pas venu en Equateur depuis 3 ans ! Elle est repartie dimanche après avoir passé un mois ici.
ü  La mère de Fanny, qui est là cette semaine.
ü  Fanny, qui gère la maison, toujours en forme et très bavarde, il suffit de lui poser une petite question pour discuter avec elle un long moment, très sympa !
ü  A ma gauche, Kelly, sœur de Fanny et mère de Haron, je la vois un peu moins que Fanny mais elle est très sympa aussi !
ü  Derrière elle, Licha, qui vient de Guayaquil (la plus grosse ville d’Equateur), et qui est présente toutes les semaines ici et parfois le weekend.
ü  Derrière elle, Haron, le fils de Kelly, adolescent parfois rebelle (mais il est drôle quand il essaye de se rebeller), avec qui je joue parfois à Fifa sur playstation, c’est bien marrant, on a aussi parfois joué au foot ensemble mais moins dernièrement.
ü  Et à droite, Patricio, qui est présent aussi durant la semaine et qui rejoint sa famille durant le weekend.
ü  Il manque également Irene, qui est exactement dans le même cas que Licha, mais que je vois beaucoup moins.
         Ce qui fait qu’en temps normal, on est 7 durant la semaine et 4 le weekend, mais ça change souvent !


Sortie à l’Antisana le Vendredi
         Le réveil à 5h45 était assez dur après la soirée d’anniversaire qui avait duré un peu après minuit, mais la sortie a été super, j’ai réussi à tenir le coup, on n’a pas été dérangés par les gardiens du parc, et on a eu très beau temps !
Photo depuis le glacier dans l'après-midi !

        Cette fois-ci, nous sommes repartis à la station automatique SAMA à 5300m d’altitude pour changer le ventilateur du capteur de température, puis j’ai pu apprendre à récupérer les données des 3 stations du glacier. J’ai également pu faire des repérages pour les études hydrogéologiques que je vais faire en aval du glacier, ça va vraiment me passionner c’est cool, je vous raconterai ca plus en détail plus tard !


Le pèlerinage à El Quinche
         La balade de ce weekend était assez particulière, car elle était à pied, elle faisait 40 kms,  de nuit, et surtout on était 600 000 !!!
         Eh oui, j’ai participé entre Samedi et Dimanche à un grand pèlerinage, qui nous a conduits de Quito à la ville d’El Quinche, environ 40 kms plus loin. Le pèlerinage a lieu les nuits de Vendredi à Samedi et de Samedi à Dimanche, du coup le nombre de personnes est un peu réparti quand même. Cependant, il faut quand même s’imaginer une foule immense qui était bien répartie sur la large route du début, mais où il fallait ensuite se frayer un chemin entre la foule sur les pistes.
La large route du début

         Nous étions 5 avec Perro, Astro, et le couple responsable du magasin de vélo où je passe au moins 2 fois par semaine pour donner les cours de francais à Juan, Sara et Jaime. Les personnes qui font ce pèlerinage sont pour la plupart jeunes, certains des enfants en bas âges, et la plupart marchent silencieusement, d’autres discutent, ou encore certains ont un poste de musique qui fait profiter tous ceux autour (ils peuvent diffuser aussi bien de la techno, de la musique équatorienne, ou rarement des chansons de messe…) !


Le dimanche matin, après notre petite nuit, avec Jaime, Sara et Perro

         Bien que pour nous ce pèlerinage faisait plus office de balade ou d’évènement à faire au moins une fois dans sa vie plutôt que d’un vrai pèlerinage religieux, les pèlerins viennent ici pour « remercier et demander une faveur spéciale » à la vierge del Quinche, a qui sont accordés un bon nombre de miracles.
         Et le parcours est bien épuisant, en raison du nombre de kilomètres et de la nuit, certains arrivant je pense dans de grandes souffrances. Pour notre part, nous avons mis 7h en marchant plutôt rapidement, et avec une seule pause de 10-15 minutes debout pour manger une assiette de riz !
Le lieu de notre seule pause, où de nombreux stands vendent de quoi manger

         On est donc arrivés à un peu plus de 4h du matin, et pour éviter l’heure de pointe pour les bus repartant vers Quito, on avait une petite tente où l’on a dormi à 5 dedans durant un peu moins de 2h30 ! Retour donc le dimanche un peu avant midi à Quito, pour ma part pour enchainer sur une sieste de quasi 5h l’après-midi, il fallait bien ça pour récupérer !!!
Perro devant notre petite tente, qui devait faire 1,60m de long, pas pratique quand on mesure 1,90 m !

La messe du dimanche matin devant l'église del Quinche


Articles de la semaine !
         Je reviendrai la semaine prochaine sur un article sur les glaciers... Mais je vous conseille très fortement si vous ne l'avez pas encore vu, de lire cet article sur LeMonde.fr, d'une interview de Jean Jouzel, qui présente clairement les prévisions malheureusement très alarmistes sur l'avenir que nous réserve le changement climatique si on ne change pas d'orientation, les solutions et les espoirs qui existent :

        Pendant ce temps, notre nouveau gouvernement qui se veut pour la transition énergétique tente de faire passer par la force le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes qui est un non-sens économique et écologique, tout en utilisant la force pour faire taire ceux qui s'y opposent. Si vous n'avez pas suivi cette actualité, je vous conseille notamment ces deux articles, présentant l'absurdité du projet, et l'avis d'un proche d'Ayrault :
Et si vous êtes convaincu et que vous croyez au pouvoir des pétitions :



Bonne lecture si vous en avez encore le temps et le courage, et à bientôt !!!
Aurélien


La photo Usain Bolt !

Le dimanche matin dans une rue del Quinche, avec au loin le Cotopaxi !

lundi 12 novembre 2012

Rumiñahui et glacier 15

Coucou !!!

Me voilà rentré ce soir de 2 journées bien fatigantes mais géniales !!!

Balade au Rumiñahui dimanche !

Commençons par ce dimanche et une autre balade avec Juan, Fernando et Andrés (surnommé Perro), mais cette fois-ci… à pied !

Montée vers le Rumiñahui (nous on a fait le sommet du milieu)

Le plus beau paysage de la balade, une ancienne vallée glaciaire aux couleurs superbes

A nouveau un départ matinal à 6h30 de la maison, car il y avait de la route jusqu’au parc du Cotopaxi, second plus haut volcan d’Equateur. Mais nous on y allait pour escalader un autre volcan, plus facile, le Rumiñahui (un peu plus de 4600m), situé en face du Cotopaxi ! Malgré cela, le temps ne nous a pas permis d’avoir une belle vue sur le Cotopaxi. On est arrivé en haut après s’être pris une bonne averse de grêle, et entourés de nuages, donc sans aucune vue autour de nous !

La laguna de Limpiopungo, devant le Cotopaxi

La laguna de Limpiopungo, point de départ de la balade

On est redescendu assez rapidement (à 14h) à nos 3800m du départ, du coup on en a profité pour visiter un peu plus le parc, mais cette fois-ci en voiture… Avec toujours Juan comme guide géologique et autre, qui nous a notamment montré une source d’eau super jolie, et très intéressant !!!

A côté de la fameuse source d'eau !



Montée (ou plutôt tentative de montée…) au glacier 15

Ce Lundi, montée à l’Antisana, cette fois-ci seulement avec Bolivar, une personne très sympa de l’INAMHI qui travaille aussi sur les glaciers, de l’Antisana, mais aussi de l’Antarctique (trop la classe !). Au programme, réaliser la mesure des pluviomètres sur le páramo, et faire la mesure de la hauteur des balises d’ablation sur le glacier 15 (un autre glacier de l'Antisana).

Entrée difficile dans le parc…
Mais le petit stress était que l’on n’avait pas le fameux permis du ministère de l’environnement qui permet de rentrer dans le parc de l’Antisana… La première barrière pour rentrer dans le parc est passée sans trop de souci. Par contre, à la seconde barrière qui permet de se diriger vers le volcan de l’Antisana, le gardien nous dit d’aller faire signer un papier à une « maison du parc » plus loin. Mais malgré les négociations de Bolivar, on n’obtient seulement le droit de pouvoir aller faire nos mesures sur les pluviomètres, accompagnés d’une personne du ministère !!!

Une solution qui ne nous convient pas vraiment !
Sauf que pour pouvoir rentrer plus facilement, nous avons dit avoir juste à faire une petite visite de routine sur les pluviomètres. Mais avec la personne nous accompagnant, il n’était plus possible de feinter et d’aller quand même sur le glacier, cela nous étant interdit, du coup on a dû se contenter de la visite des pluviomètres, surveillé par un gardien du parc !

Bolivar à gauche avec le gardien du parc

Encore des lamas, cette fois on a vu un "troupeau" de 10 lamas ! Et pas craintifs !!!

Aller-retour bien fatigant
On aura donc fait que la moitié du travail prévu, ce qui est frustrant au vu du temps que l’on met pour venir jusqu’à l’Antisana. J’ai conduit car Bolivar n’a pas son permis, avec au programme 6h30 de route aller-retour, dont 2h sur les chemins très galères de l’Antisana, ça fatigue ! On devra donc revenir avant la fin du mois, cette fois-ci avec le permis, pour faire les mesures manquantes sur le glacier !



Mais pourquoi ces difficultés ? Quelle réglementation sur l’Antisana ?

Un parc en partie privé
La particularité du parc de l’Antisana est qu’il y a encore peu de temps il était privé. L’entreprise d’eau potable de Quito (l’EMAAP) en a racheté une bonne partie pour pouvoir faire les aménagements nécessaires à l’acheminement de l’eau jusqu’au sud de Quito, tandis qu’une autre partie appartient à l’état. Le parc est donc contrôlé par l’EMAAP et le ministère de l’environnement, avec des limites parfois difficiles à comprendre, mais la partie haute et donc les glaciers appartiennent à l’état.

La laguna de la Mica, lac de barrage, construit par l'EMAAP

Les évènements récents
Et la réglementation s’est récemment durcie suite à la mort de 3 touristes inexpérimentés sur un glacier d’Equateur, ce qui a amené le gouvernement  à obliger que toute sortie au-dessus de 5000m d’altitude soit accompagnée par un guide. Ce qui n’est pas pratique pour nous, car même si Juan est guide, il n’a pas le fameux permis demandé, qui coûte très cher à obtenir. Du coup, les gardiens dans les parcs sont de plus en plus vigilants, surtout pour nous qui n’avions pas le permis pour entrer !

Un parc bien conservé
Le parc de l’Antisana est ainsi très bien protégé, notamment grâce à la stricte réglementation qui s’y applique, ce qui est très bien pour sa conservation et pour le travail de recherche. En effet, les appareils sur le glacier ont moins de risques d’être approchés par les touristes, voir mêmes volés, ce qui a été le cas pour d’autres stations de l’IRD sur d’autres volcans !

Le páramo de l'Antisana

Un accès facilité pour les études scientifiques
De plus, pour nous, le passage est en général facilité par l’obtention facile du permis d’entrée par Gustavo qui est du ministère de l’environnement, et qui travaille sur les glaciers avec nous. Mais malheureusement, ils sont assez intransigeants (également avec nous) lorsqu’on n’a pas le permis !

Les autres parcs moins stricts
            Pour les autres parcs d’Equateur, la réglementation est plus souple et semblable à celle de nos parcs nationaux français, et, l’entrée y est gratuite. Et cela seulement depuis peu de temps et grâce à une réforme de Rafael Correa, alors qu’elle était payante de 10$ pour les étrangers et 2$ pour les équatoriens avant !





La photo Usain Bolt !
Avec Fernando et Perro devant le Rumiñahui

lundi 5 novembre 2012

2 jours sur l'Antisana !!!


Salut à tous !!!

         Encore une semaine bien riche marquée surtout par 2 jours sur l’Antisana, et une bonne balade à vélo avec Juan Samedi !

Sortie à l’Antisana !!!
          Cette fois-ci nous avons passé le mercredi et le jeudi sur l’Antisana. Car le premier jour il fallait qu’on installe un nouveau portique sur le glacier pour un appareil qui ne fonctionnait pas bien jusqu’ici, et le deuxième jour il fallait installer de nouveaux capteurs sur les stations hydrologiques.
          Et le premier jour était particulièrement fun, tout d’abord parce qu’il fallait monter le matériel pour installer le portique. Pour info, ce portique constitué de quelques barres de fer, servait à fixer un appareil qui mesurait la hauteur de neige. Donc il a fallu monter les barres de fer, l’appareil servant à faire un sondage de 2 mètres dans la glace, une bouteille de gaz servant à chauffer cet appareil, ou encore un panneau solaire, pour que l’appareil fonctionne ensuite en autonomie !
          Ça allait car on était 5 à se répartir le matériel, entre Luis, Juan qui était notre guide, Gustavo qui était déjà venu la dernière fois qui est du ministère de l’environnement, et Ricardo un informaticien de l’INANHI que je ne connaissais pas mais qui est super sympa ! Du coup pour ma part, j’avais quand même un panneau solaire dans le sac à dos et un ordi sur le ventre ! Plus le matériel pour le glacier (harnais, crampons, piolet), car cette fois-ci on montait également plus haut ! Heureusement on a pu déposer les affaires lourdes à la première station après 400m de dénivelé !
On dirait presque qu'on est au dessus des nuages ! La laguna (lac) de La Mica au fond.

Attention aux crevasses !
          Pendant que Luis et Gustavo installaient le matériel, on est donc monté à 3 avec Juan et Ricardo jusqu’à la station météorologique 5300, qui se trouve 400m plus haut. Et le principal défi était d’éviter les crevasses !!! Dans la première partie (dans la zone d’ablation !), on marchait sur la glace donc les crevasses étaient bien visibles, il fallait juste les enjamber ou les sauter avec précaution ! Mais plus haut, de la neige recouvrait la glace, et le défi était donc d’identifier les crevasses quand elles sont invisibles en surface, car recouvertes de neige !!! C’était le rôle de Juan notre super guide, qui fait ça très bien. Et une fois que la crevasse était mise à jour, il restait juste le petit jeu à sensation de sauter au-dessus de la crevasse !
Le seul passage de crevasse ou on a dû descendre un peu dedant ! Ricardo à l'oeuvre !
          Et vous vous dîtes, si jamais Juan ne voit pas la crevasse et que la couverture de neige n’est pas assez grosse pour supporter son poids ??? Et bien dans ce cas il est censé tomber dans la crevasse, sauf que nous sommes tous les 3 accrochés par une corde qui doit être suffisamment tendue entre nous, pour que la personne qui tombe soit directement retenue par les autres ! Mais le cas que Juan tombe me parait impossible ou du moins très rare au vu des précautions qu'il prends en enfonçant devant lui son piolet et son bâton de ski à chaque pas, pour vérifier la couverture de neige !
           La montée est donc très lente pour que Juan ait le temps de prendre ces précautions, et pour qu’on puisse tous se reposer de l’exercice bien fatiguant de monter dans la neige à cette altitude !
Juan en repérage du terrain devant moi et Ricardo
Le sommet de l'Antisana, vu depuis la station 5300m

Retour de nuit !
          Et après avoir déchargé les données de la station météorologique située à 5300m, puis en redescendant celle située à 5100, on est redescendu jusqu’à la voiture. Mais pour rajouter un peu de fun, on est arrivé en bas du glacier à la tombée de la nuit, donc il nous restait 400m de dénivelé négatif à faire de nuit, avec 2 lampes frontales pour 3 !!!
          Du coup, arrivée à 19h30 (la nuit tombe à partir de 18h) à la voiture où Luis nous attendait ! Gustavo est reparti dans l’après-midi à Quito, du coup on a passé la soirée et la nuit à 4 au refuge de la Mica, qui a été construit par l’entreprise d’eau potable de Quito (l’EMAAP) lors de la construction du barrage de la Mica. Ce barrage sert en partie à approvisionner en eau potable le sud de la ville de Quito !
Le refuge de La Mica 

Journée plus tranquille le jeudi
          Et après une nuit un peu courte, on a enchainé le lendemain matin avec l’installation de nouveaux capteurs mesurant la hauteur d’eau sur les deux stations hydrologiques. Particularité de cette matinée, c’est moi qui ai conduit le gros 4x4 de l’IRD dans les chemins par toujours faciles !!! Mais ça va, sans dégât ! Et comme on a commencé la journée assez tôt, on a pu rentrer en début d’après-midi sur Quito !!!
Le gros 4x4 de l'INAMHI, la veille lors des préparatifs

Les stations météorologiques et hydrologiques
Il y a deux types de stations météorologiques :
  • Les stations ORE (Observatoire de Recherche pour l’Environnement), qui sont des stations fixes qui enregistrent un plus grand nombre de paramètres : pour la station située devant le glacier 12 qu’on étudie, elle mesure la température, l’humidité, la vitesse et direction du vent, les rayonnements, et la hauteur et la phase des précipitations. Tout cela, elle le fait en autonomie grâce aux panneaux solaires, et elle enregistre les données, que l’on peut ensuite récupérer sur ordinateur, comme pour les autres stations.
La station ORE devant le glacier
  • Les stations SAMA (Station d’Acquisition Météorologique d’Altitude), situées sur les glaciers, qui ont le grand avantage d’être légère et qui peuvent donc très facilement se déplacer, ce qui est indispensable car la station bouge en même temps que le glacier ! Du coup, elles ont en général moins d’appareils de mesures, et se limitent souvent aux mesures de la température, de l’humidité et du vent.
Juan, et Ricardo qui décharge les données sur l'ordi à la station SAMA à 5300m

Pour les stations hydrologiques, il y en a deux en aval du glacier 12 :
  • La station Los Crespos, plutôt proche du glacier à 4512m d’altitude, qui reçoit les écoulements essentiellement de la fusion du glacier (à 70%).
Station Los Crespos, de section trapézoïdale
  • La station Humboldt, beaucoup plus bas, à 4010m d’altitude, qui reçoit également une partie des écoulements du glacier, mais en beaucoup plus faible proportion (environ 22%), car une large partie vient des précipitations tombées sur le páramo, les prairies d’altitude situées autour de la rivière.
Station Humboldt, avec passage de l'eau dans la section rectangulaire
          Le principe de ces deux stations est de mesurer les hauteurs d’eaux qui passent dans la section des stations, et de les convertir ensuite en débit.
          Ces débits serviront notamment à faire des corrélations avec les calculs de bilan de masse, avec les données météorologiques, pour comprendre la dynamique des écoulements provenant du glacier et du páramo, et ainsi faire des prévisions sur l’évolution de la ressource en eau en réaction au changement climatique. Ces études sont d’autant plus importantes que ces eaux servent à alimenter en eau potable la ville de Quito, et à produire de l’électricité au niveau du barrage de la Mica en aval.
 
Un lama sauvage près de la station Humboldt !
 
 Belle maison de style ancien, et au dessus le nuage plus blanc c'est l'Antisana !

Vendredi « Día de los difuntos »
         Vendredi était à nouveau un jour férié, pour la Toussaint, qui ici s'appelle littéralement « Jour des défunts ». Comme dans d’autres pays, ici ce jour a bien plus d’importances qu'en France. Il y a notamment deux spécialités associées à la semaine toute entière, qui correspondent aux « guaguas de pan » (guaguas voulant dire enfant en langue quechua), et la « colada morada », une boisson fort bonne à base de mûre !!!


Balade à vélo
         Ce Samedi, on a fait une belle balade avec Juan, avec encore de beaux paysages, et une bonne fatigue à la fin de la balade, après quasi 100 kms de vélo, plus quelques kms avec un taxi, pour nous avancer un peu sur le chemin du retour !
                                                                           Le canyon del Quinche ci-dessus
 On a pas mal roulé sur une ancienne voie de chemin de fer datant de 1910 !

Anecdote du soir : j’ai été chez le coiffeur !
         Et oui, ça mérite d’être une anecdote, car c’est la première fois de ma vie que j’allais chez le coiffeur (il était temps vous me direz) ! Jusqu’ici ça avait toujours été ma chère maman qui m’avait coupé les cheveux !!! Ça va, la coiffeuse ne m’a pas trop loupé, et j’en ai eu pour 4$ seulement !!!


Photo Usain Bolt
Il la fallait, ça y est la photo Usain Bolt sur le glacier, c’est fait !!! Avec Juan, et tout notre bel équipement !

Et une photo géniale d'une bonne partie de la famille à Madrid, au même endroit que la première photo Usain Bolt de ce blog !!! (les parents, Noémie, Marine)