lundi 10 décembre 2012

Oriente en vélo, et sortie à l'Antisana !

Salut à tous !

Pour changer, j’ai encore eu une fin de semaine bien chargée, marquée par une balade de nuit en vélo à l’Oriente, et une sortie inoubliable à l’Antisana !


Jeudi, balade à l’Oriente

Comme je vous avais expliqué la semaine dernière, cette semaine était (encore) marquée par un jour férié ! C’était jeudi, pour la Fiesta de Quito, marquant la fondation de Quito par les espagnols le 6 Décembre 1534.

Et même si la fiesta de Quito est normalement marquée par une grande fête dans les rues de la ville, moi je n’ai rien vu de tout ça, et on est partis à 8 faire une balade en vélo à l’est du pays, du côté de la forêt amazonienne, avec pour particularité qu’elle était une nouvelle fois… de nuit ! On est donc parti avec un bus uniquement pour nous, depuis Quito vers 21h30 (au lieu de 19h !), pour commencer la balade à 1h du matin depuis la ville de Baeza !


L'équipe quasi au complet, il manque seulement Perro


Et dans le bus, au vu de la fatigue, je me voyais déjà regretter d’être venu, alors que 3 jours sur l’Antisana m’attendaient les jours suivants ! Et bien j’ai vite été rassuré, car après 10 kms vallonnés, on a eu le droit à une descente à sensation !!! Autant la marche de nuit n’a pas grand-chose de bien particulier selon moi, autant les sensations que l’on peut avoir de nuit en vélo sont vraiment géniales et particulières ! L’impression de vitesse est accentuée, et la sensation générale et de plaisir encore améliorée !

Et là vous vous dîtes que ça doit être bien dangereux, effectivement ce n’est pas l’idée la plus raisonnable qui existe de faire une balade de nuit ! Et on a malheureusement compté une chute dans notre effectif ! David, déjà auteur de 3 chutes sans conséquences lors de notre précédente ballade, et qui roule selon moi beaucoup trop vite par rapport au peu de maitrise qu’il a de son vélo, a chuté sur une partie de route dégradée qu’il n’a pas vu. Et aussi il n’a pas entendu les cris de Brooklin qui était devant, puisqu’il a en plus les écouteurs dans les oreilles !
Bref, la chute a été semblerait-il assez violente, et il s’en est sorti avec des belles égratignures sur les jambes, les bras, le visage, une fracture du pouce de pied et du nez… Et encore heureux qu’il avait son casque, sans quoi je n’ose pas imaginer les conséquences !
Du coup, il a pris un bus qui arrivait peu de temps après, et qui l’a amené à Tena la ville suivante, pour qu’il aille dans un centre de soin. On a donc rejoint cette ville en vélo, et on a fini le trajet à cet endroit à 6h du matin, pour prendre ensuite notre bus suiveur pour le reste de la journée !

Au programme de la suite de la journée, plusieurs arrêts entre mes courtes siestes à chaque fois que l’occasion se présentait ! Le meilleur arrêt était sans aucun doute celui à la Casa del árbol, où on a pu avoir différentes activités, entre montée dans une cabane à 9 étages dans un arbre, petite piscine, et aussi un surprenant tunnel-labyrinthe dans le noir complet où on était guidé devant par le mec qui connaissait, et tous les autres derrière à tenir les épaules du précédent pour éviter de se perdre ! Dur à expliquer mais c’était bien drôle en tout cas !


La cabane de la casa del árbol !


Une des pauses le jeudi

L’ambiance était vraiment au rendez-vous durant cette journée, malgré la fatigue !!! Car on est finalement rentrés quasiment à 22h à Quito, après encore quelques heures de route !


3 jours à l’Antisana… ?

Et suite à cette journée fatigante du jeudi, je partais le Vendredi midi pour 2 jours et demi sur l’Antisana, dont le samedi pour faire une mesure d’accumulation à 5400 m, et le dimanche pour faire cette même mesure, mais cette fois-ci au sommet de l’Antisana, à 5760 m.

On était 4 pour cette petite expédition, avec Juan, Washington un guide certifié ASEGUIM pour monter à plus de 5000 m, seul organisme qui délivre ces permis en ce moment, et enfin Bernard Francou ! Bernard est un glaciologue dont j’avais déjà beaucoup entendu le nom au vu des nombreux travaux qu’il a fait dans les Andes, des livres qu’il a publié sur les glaciers, les déserts, et il est également directeur de l’IRD en Bolivie… Bref, j’étais bien impatient de le rencontrer, et c’était vraiment une super rencontre !!! On s’est très bien entendu, il est super sympa, et très intéressant ! On a pu parler de glaciologie, géologie, changement climatique,… Il connait tout !
Et d’ailleurs je vous avais évoqué son nom car j’avais vu un de ses films diffusé à l’alliance française de Quito, et où Luis avait ensuite répondu aux questions. Cette fois-ci il devait prendre quelques prises de vue pour un autre film auquel il participe, sur les recherches françaises passées et présentes en Equateur et dans les Andes ! Il faudra que je me tienne au courant de l’avancement de ce film, on m’apercevra peut-être dedans !

Pour en revenir à notre sortie, le Vendredi, on est montés en voiture jusqu’à 4700 mètres d’altitude, pour camper durant la nuit à côté de la voiture ! Bernard a profité de la belle lumière pour faire quelques prises de vue, j’en ai profité pour l’accompagner pour faire quelques photos. Puis on a installé les tentes, mangé assez tôt à la tombée de la nuit, et on s’est couché comme des bébés à 20h !

Bernard en train de faire une prise de vue le Vendredi soir
Antisana, à quelques mètres de notre campement (le vendredi)
Le voilà le campement, la voiture et les 3 tentes !
La belle lumière du vendredi soir au coucher du soleil

 
Il faut dire, le samedi, on se levait à 1h du matin ! J’avais très mal dormi déjà la dernière fois qu’on avait dormi en altitude au campement de l’EMAAP, et bien idem pour cette fois, où je n’ai trouvé le sommeil que durant un peu moins de 2h30, sur les 5h qui nous étaient disponibles ! Mais je n’étais pas le seul, l’altitude a eu de l’effet sur nous tous apparemment ! Après un petit déjeuner très léger, on est parti direction le glacier à 2h du matin, guidés par Bernard devant, et éclairés par nos lampes frontales, voir par la lune quand ça suffisait.
Jusque-là, tout se passait bien, mais c’est après que ça s’est compliqué, avec des nuages de plus en plus bas, et surtout un vent de plus en plus fort, avant que de petits grêlons viennent nous fouetter le visage ! Et ça peut paraitre rien comme ça, mais vous ne pouvez pas savoir combien j’ai souffert du froid sur cette journée qui semblait interminable, avec je dirais 5h de montée, 2h de mesure, et 2h30 de descente environ, et le tout sans pause pour ne pas se refroidir, et dans une lutte permanente contre le froid, c’est long ! Je crois qu’on a tous souffert du froid, mais je pense que j’ai été le plus paralysé de tous par ces conditions terribles, qui ont fait qu’une fois redescendus, il n’était pas possible de camper à nouveau (d’ailleurs 2 des 3 tentes avaient été pliées par le vent), et repartir dans de telles conditions le lendemain au sommet avec des habits trempés !

La sortie s’est donc arrêtée au samedi midi, où on est redescendu en voiture à Quito, après avoir rangé les tentes puis récupéré petit à petit nos mains et nos pieds tout particulièrement !
Je n’irai donc pas au sommet de l’Antisana, bien dommage mais en même temps au vu des conditions qu’il y avait, ça ne donnait pas envie ! La sortie, une fois passée, restera quand même un bon souvenir !!!

Malgré tout, j’ai eu 2 agréables surprises qui auraient pu empirer la situation !
Premièrement, la fatigue ne m’a pas trop atteinte malgré la petite nuit qu’on a eu, même si tout le corps était forcément fatigué de la lutte contre le froid !
Et encore plus surprenant, vous savez que je suis un gros mangeur, particulièrement quand je fais du sport ! Je m’étais ainsi inquiété du peu de nourriture qu’on avait, car entre le vendredi midi et le samedi midi, on n’a franchement très peu mangé, surtout pour les efforts qu’on a fait : pour seul repas du vendredi soir, une soupe en sachet, un peu de pates, et une orange… Le petit dej’ du samedi, un morceau de pain et une tisane… Et pour les 10h de marche et de mesure, une banane pour calmer la faim… Rien à voir avec ce que je mange d’habitude !!! Et malgré ça, je n’ai pas vraiment eu faim, surprenant ! C’est peut-être qu’on a tellement bouffé de la grêle et du vent dans la gueule qu’on n’avait plus faim !?

Pour finir, je vais vous montrer l’unique photo du samedi, que je vous demanderai de particulièrement apprécier pour plusieurs raisons !
  • Tout d’abord, elle est plutôt stylée !
  • Ensuite, elle a été prise durant les seules 5 minutes cumulées de météo dégagée qu’on a eu sur la balade ! Les apparences sont trompeuses, en effet les nuages n’allaient pas tarder à revenir, il suffit de regarder sur la droite…
  • Et enfin et surtout, parce qu’il m’a fallu un courage énorme pour prendre cette photo, car je me suis dit « Bon allez, il faut quand même une photo de cette journée pour montrer sur le blog, en plus le paysage est beau ! »… Sauf que j’ai vite compris ma douleur en libérant une main de mon gant pendant 30 secondes, c’est limite si j’en pleurais de douleur juste après !!!





La mesure d’accumulation ? Ça vous dit quelque chose ?

Bon, quelques mots quand même sur la mesure qu’on a fait !!!
Vous vous souvenez peut-être vaguement des histoires de zone d’accumulation sur la partie haute et de zone d’ablation sur la partie basse du glacier, que je vous avais raconté lors d’un des premiers post de blog. Je vous avais dit que je vous dirai comment tout ça se mesurait !

Quelques rappels : ces mesures servent à calculer le bilan de masse du glacier d’une année sur l’autre, qui sert à savoir si le glacier perd plus de masse de glace qu’il n’en gagne ou pas, et donc à suivre son évolution.
Bilan de masse = accumulation de neige – ablation par fonte essentiellement

Pour cela il faut donc calculer l’ablation dans la partie basse du glacier, là où les températures sont plus fortes et donc là où la fonte se produit. On la mesure au fil de l’année, une fois par mois, grâce aux balises d’ablation. Ces balises sont des tubes en plastique de 12 m de long qui sont enfoncés dans la glace, et chaque mois, on mesure de combien de centimètres le bâton ressort de la glace, ce qui nous donne d’un mois sur l’autre la hauteur de glace que le glacier a perdu en un point. En ayant plusieurs balises d’ablation dans la partie basse, on peut pondérer ces valeurs à des zones plus grandes, pour calculer la perte de masse de l’ensemble de la zone d’ablation.

Les mesures d’ablation sont donc relativement simples, alors que les mesures d’accumulation sont plus compliquées. Tout d’abord car elles sont à faire au niveau de la zone d’accumulation dans la partie haute du glacier, ce qui rend déjà l’accessibilité plus compliquée ! Elles nécessitent aussi plus de matériel, qui est assez lourd à monter. Comme la mesure prend pas mal de temps (2h environ pour notre cas samedi) et d’énergie, il est difficile de la faire à de nombreux endroit du glacier, il faut donc choisir un endroit représentatif. Et enfin, la mesure en elle-même est assez compliquée : elle consiste à creuser un trou d’une dizaine de cm de diamètre dans la glace, et de localiser une fameuse couche dure. Cette couche s’est formée il y a un an en décembre, lorsque les précipitations sont (normalement !) plus faibles, le soleil plus fort, et donc la couche supérieure a le temps de se solidifier. Bernard avait repéré sur les strates  que l’on voit apparaitre dans les crevasses qui représentent les différentes couches de neige accumulées, que la couche dure de base, plus sombre, se situait environ à 3m de profondeur, et avec la mesure nous avons trouvé 3,11 m !

Et pour être encore un peu plus technique si vous me suivez encore, nous devons convertir cette hauteur de neige pas encore totalement transformée en glace (donc de densité inférieure à 1), en hauteur d’équivalent eau (de densité = 1). On a donc calculé la densité des échantillons de glace, et en ayant par exemple une densité d’environ 0,4, on aura 0,4 x 3,11 m = 1,25 m d’équivalent eau pour cette mesure. Cette mesure est plus facile à manipuler ensuite que des hauteurs de glace qui n’ont pas beaucoup de sens tant qu’on n’a pas la densité de celle-ci. Les hauteurs d’eau peuvent en effet être directement comparées avec les hauteurs de précipitations, les écoulements de fonte, les débits des rivières…


Si vous avez réussi à suivre jusqu’au bout, bravo ! Et si non, j’essayerai de faire plus simple la prochaine fois !

Bonne semaine à tous, et à bientôt,
Aurélien




La photo Usain Bolt !

La photo Usain Bolt la plus nombreuse à ce jour ! Devant notre beau bus, lors d'une pause du Jeudi !


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