Salut à tous !
Cette semaine, un article pour donner quelques-unes de mes nouvelles, préciser le programme de mes prochaines semaines, vous parler du projet Yasuni-ITT, et donner quelques éléments sur le lien entre l’Histoire et le climat…
Et allez, pour changer, je commence par raconter ma vie (encore…) !
La fin du premier stage, le début du second…
Ma semaine a été marquée par une sortie sur l’Antisana avec Juan. Ça devait être la dernière, mais finalement ce Jeudi, pour mon tout dernier jour de stage, je ferai ma 12ème et dernière sortie sur l’Antisana ! D’ici là, je me dépêche de finir mes interprétations de données et autres petits rapports, pour avoir fini mon travail de bureau le mercredi soir !
Mon premier stage se termine donc ce jeudi, et le suivant commence lundi prochain ! J’ai un weekend de 3 jours avant d’enchainer sur le stage de 2 mois avec AVSF (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontière). Je vais commencer le lundi et peut-être le mardi sur Quito, avant de rejoindre Riobamba avec Guillaume (mon maître de stage français). Je devrais m’occuper de préciser l’hydrogéologie du secteur d’étude, donc de faire de la bibliographie, quelques sorties de terrain pour étudier la géologie, et analyser des données… Ca s’annonce très intéressant, surtout que je découvrirai aussi la partie sociale de la gestion de l’eau en Equateur dans ce projet, ce que je n’ai absolument pas abordé lors du premier stage !
Et j’ai également appris ce soir par un collègue de l’INAMHI que je pourrai être accueilli par sa famille à Riobamba qui aura une chambre pour moi, génial !!! Logement trouvé 10 jours avant d’arriver, je suis large !
Un weekend tranquille…
Sinon, le weekend dernier, je me suis à nouveau payé un bon mal de ventre jusqu’au samedi midi… Mais ça y est, j’ai découvert le remède miracle naturel qu’il me fallait, la tisane à l’origan, qui détruit les bactéries semblerait-il (et qui marche donc aussi pour les mal de gorge apparemment !), et qui m’a fait disparaitre mon mal de ventre et autre tourista en moins de 2h je dirais !
Et le dimanche, c’était l’anniversaire de Perro, je croyais que lui avait 28 ans, plus jeune que Luis et Juan qui ont 36 et 40 ans… Mais pas vraiment en fait, car il fêtait ses 35 ans ! Décidément, mes amis en Equateur ont tous quasiment 2 fois mon âge !
Repas d'anniv avec Juan et Perro ! |
Le voyage se précise
Samedi matin, nous avons été avec Juan et Perro au magasin de vélo, puis dans un magasin de camping, pour me trouver du matériel pour mon futur voyage ! Résultat, Juan (toujours lui !) me prête des sacoches, j’ai récupéré un porte-bagages pour 4€, et j’ai également eu un duvet bien chaud et un petit matelas gonflable pour moins de 50€, encore moins cher que décathlon !!!
Tout ça pour dire que le voyage se précise doucement, je partirai bien comme prévu en vélo à partir de début avril, pour une durée un peu raccourcie à 2 mois, et avec les 3-4 premières semaines avec Juan ! Un autre ami viendra peut-être également les 2 premières semaines, mais cela reste à préciser. Ces premières semaines avec Juan nous emmèneront jusqu’au Pérou, et ensuite il me restera un mois pour découvrir Pérou et Bolivie !!!
Le projet Yasuni-ITT !
L’Equateur a mis en place une initiative très intéressante dans le parc naturel de Yasuni, dans la forêt amazonienne. Le parc naturel abrite des communautés indigènes et une réserve de biodiversité énorme, 1 ha de cette forêt concentrant 644 espèces d’arbres, soit plus qu’aux Etats-Unis et au Canada réunis !
Sauf que… le parc recèle aussi de grandes réserves… de pétrole ! En l’occurrence, 850 millions de barils de pétrole, soit 20 % des réserves exploitables de l’Equateur, et l’équivalent de quasiment 10 jours de consommation mondiale ; ou encore 5000 jours (soit quasiment 14 ans) de consommation équatorienne.
La belle initiative en question proposée par le président Correa en 2009, consiste à laisser tout le pétrole de cette partie du parc sous terre. Sauf que l’exploitation de cette ressource aurait rapporté 7,2 milliards de dollars (5,5 milliards d’euros) sur 13 ans à l’Equateur. Du coup, le président a demandé à la communauté internationale, aux investisseurs, entreprises et même citoyens de rembourser 50 % de ce manque à gagner, pour que le projet se concrétise.
Les dons s’élevaient à 117 millions de dollars en novembre, sur les 3,6 milliards demandés (soit seulement 3,25 %). Mais la barre des 100 millions atteinte fin 2011 a déclenché la phase opérationnelle du projet, dont les financements sont ouverts aux entreprises et citoyens, ce qui n’était pas le cas avant. Ainsi, l’écho médiatique du projet a déjà intéressé de nombreuses entreprises qui ont déjà fait des dons, comme Coca Cola, Unilever, et également de nombreux pays comme l’Espagne, l’Allemagne, la Russie, le Japon … Qui pourraient être rejoints par… la France ?
Pour l’instant, la France ne participe que par des collectivités locales qui ont participé à hauteur de quelques milliers d’euros (par exemple 5000€ pour le Limousin jusqu’à 195 000 € pour les Rhônes-Alpes). Mais sur le plan gouvernemental, je projet qui n’a pas été financé sous notre cher N. Sarkozy, est désormais à l’étude du côté du ministre délégué au développement, le vert Pascal Canfin, et la participation française est en bonne voie.
Concernant la réussite du projet, même si il y a eu des accusations que Correa ait fait demi-tour sur ce projet sous la pression du lobby pétrolier, l’exploitation semblerait difficile à mettre en place… En effet, la constitution équatorienne de 2008 ne permet pas l’exploitation pétrolière dans des zones écologiquement sensibles, sauf en cas d’intérêt national avéré. Mais dans ce cas-là, il faudrait organiser un référendum, et un sondage récent a montré que 83% des équatoriens préfèrent laisser le pétrole sous terre…
Si le projet vous tente tellement que vous voulez y faire un don, voici le site : http://yasuni-itt.gob.ec/inicio.aspx
Et si vous voulez signer une pétition appelant le président à ne pas renoncer au projet, c’est ici ! http://www.avaaz.org/fr/petrole_en_amazonie/?bxGXJbb&v=21303
Le lien entre Histoire et Climat
Désormais, voyons quelques exemples de liens entre climat et certains changements ou périodes importantes de l’histoire :
Tout d’abord, le peuplement de l’Amérique a été fait par des migrations venantes d’Asie par le détroit de Béring. Les vagues de migration se seraient faîtes environ il y a 35 000 ans et 14 000 ans, durant la dernière glaciation du Würm, la banquise descendant jusqu’au détroit de Béring ayant permis aux hommes de passer à pied de l’Asie à l’Amérique.
Au cours de cette dernière glaciation dont le maximum se situe il y a 22 000 ans, la température est de 4 à 5 °C inférieure à celle d’aujourd’hui. Les glaciers des Alpes descendent jusque Lyon, celui de l’Antisana sur tout le páramo (800 m d’altitude plus bas qu’aujourd’hui), et des régions comme le Canada sont recouvertes de glaciers, tandis qu’en Europe ils descendent jusqu’au nord de l’Allemagne, sur des épaisseurs importantes jusqu’à plus de 2 kms en Suède (voir figure). A ce moment, notre pays n’est pas très accueillant mais les peuples s’y installent quand même, notamment dans des grottes où ils se livrent à l’art rupestre (Lascaux, il y a 17 000 ans). Le niveau de la mer est 120 m plus bas qu’aujourd’hui, et la grotte de Casquer en mer Méditerranée actuellement 37 m sous l’eau, est donc accessible à pied.
Extension des glaciers en Europe au maximum de la glaciation du Würm, il y a 22 000 ans (avec épaisseur des glaciers) |
Cette période glaciaire s’achève il y a 11 000 ans, la stabilité climatique qui s’en suit permettant l’invention de l’agriculture au Moyen-Orient il y a 10 000 ans (8 000 ans av. J.C.). Cela est également favorisé par une période d’humidité plus importante au Sahara entre 9 000 et 6 000 ans, Sahara qui est alors recouvert de prairies. Mais son assèchement ensuite oblige les populations à se regrouper autour des fleuves, dont le Nil, où naîtra le premier état, l’Egypte, il y a 5 000 ans.
Ensuite, la figure ci-dessous parlera très bien des relations entre climat et histoire, où l’on observe que les périodes plus chaudes correspondent à des périodes de prospérité, et inversement.
Courbe des températures sur les 11 000 dernières années, et évènements liés |
(1) Fin de la glaciation du Würm ; (2) Début de l’agriculture ; (3) et (4) Age du bronze puis du fer ; (5) Temps des Romains ; (6) Grandes invasions ; (7) Moyen-Age.
Ce lien est notamment lié au fait que les périodes plus chaudes sont plus propices à l’agriculture, tandis que les mauvaises récoltes des périodes plus froides peuvent entrainer des famines et ainsi des périodes d’instabilité et de révoltes…
Enfin, le (8) correspond au Petit Age Glaciaire, dont l’hiver très rigoureux de 1788/1789 pourrait avoir joué un rôle important dans la Révolution Française selon certains historiens !
Et le (9) correspond au climat actuel, on est donc dans une période chaude qui malheureusement ne profitera même pas à notre agriculture vu l’intensité et la rapidité du phénomène. En effet, un petit réchauffement aurait aidé le nord du pays à avoir de meilleurs rendements, mais une trop forte hausse associée à la multiplication des évènements climatiques extrêmes va rapidement baisser les rendements…
Mais tout ça dépend encore du scénario climatique que l’on va emprunter, qui dépendra de nos émissions, donc de l’intensité de notre action pour les réduire !
Si vous en êtes arrivés jusqu’ici en ayant tout lu, bravo ! Et désolé pour cet article bien long une fois de plus !
Bonne semaine à tous, et à la semaine prochaine pour mon dernier article depuis Quito !
Aurélien
La photo Usain Bolt
La semaine dernière devant... bon, vous avez devinés ! |
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